Organisation sociale traditionnelle de la kabylie

Confiderations et tribus de la Grande Kabylie Tamawya Taqbaylit Algerie
Confiderations et tribus de la Grande Kabylie Tamawya Taqbaylit Algerie

L’organisation sociale a connu des évolutions au cours de l’histoire, tout en préservant certaines de ses structures. La société kabyle repose sur un ordre lignager, mais aussi sur divers structures sociales imbriquées les unes dans les autres. Dans la société kabyle pré-coloniale, un lignage constitue des clans (axerrub, adrum) qui forment un village (taddart), eux-mêmes se regroupent en tribus (âarch). Les tribus pouvaient elles-mêmes être confédérées dans des ensembles plus vastes, les taqbilt ou confédérations. Cette structure sociale historique comporte des exceptions : ainsi certains villages pouvaient ne faire partie d’aucune tribu. La confédération est une structure souple, les notables des tribus membres des confédérations se réunissant pour gérer les événements exceptionnels comme les conflits armés.

Historique

Historiquement et antérieurement à la conquête française, depuis le xvie siècle, il y avait deux grandes ligues (seff), qui sont des agglomérats de confédération tribales, le seff n wadda (la « ligue du bas ») et seff n ufella (la « ligue du haut »).

Le rôle politique de la confédération, prendra fin lors de la conquête française et du maillage administratif de la région. Les quelques confédérations ayant survécu à la conquête française , comme celle des Aït Iraten, ne joueront plus un rôle d’identification sociale ensuite.
Il faut aussi noter au xixe siècle l’existence de « grands commandements », au-delà des jeux tribaux, comme ceux de l’aristocratie guerrière des Aït Mokrane (dont le patronyme est souvent arabisé en « Mokrani »), ou religieuse comme les Ben Ali Chérif. Les premiers ayant un rôle politique de premier plan, le verront totalement anéanti après la révolte des Mokrani en 1871. Les seconds ayant une influence religieuse, elle perdurera, mais sera amoindrie par la présence française.

Les unités sociales, les plus restreintes, sont celles qui ont le mieux survécu aux bouleversements historiques. Ainsi au xixe siècle, le village kabyle est décrit comme la « pierre angulaire de la société », l’institution qui l’administre, la tajmaât (assemblée villageoise) dispose des pouvoirs politique, administratif et judiciaire. La tribu elle aussi présentait des éléments de cohésion sociaux forts (territoire, sanctuaires, marché, solidarité en cas de guerre…). Lors de la conquête française, il fut garanti dans un premier temps, le respect du fonctionnement du village, de sa tajmaât et de la tribu. Cependant au fur et à mesure des remaniements administratifs, la tajmaât perd de ses prérogatives officielles pour les exercer parfois officieusement.

Vers la fin de la période coloniale, il se superpose un niveau d’organisation officiel – la commune administrative – et un « niveau occulte », la tajmaât, avec ses ressources propres, ses amendes, ses qanoun, ses agents d’exécution. De plus les tajmaât géraient avec grande liberté leur affaires locales, détenaient les pouvoirs de police et jouissaient auprès de la population de plus d’autorité que les agents assermentés (par l’administration française). Les qanoun faisaient même l’objet d’un renouvellement et donc d’une activité réelle des tajmaât.

Lors de l’indépendance du pays, toujours en marge des structures officielles comme les assemblées populaires communales, les tajmaât se maintiennent avec des prérogatives érodées. Elle mettent à contribution tous les citoyens même ceux ayant émigré en Europe. Elles ne gèrent plus que les travaux d’utilité publique (voirie, eau potable…) souvent pour pallier les insuffisances des institutions officielles, ou des manifestations culturelles comme le sacrifie d’automne (timechret). Mais comme toute spécificité berbère elle souffre alors d’un certain anonymat. Cependant le réveil identitaire berbère va lui donner un nouveau souffle, inversant la tendance historique. Le printemps berbère (1980) provoque un réinvestissement de l’espace du village, par les jeunes notamment, évitant sa transformation en « musée ». La loi sur le pluralisme (1988) permet la création de « comités de village » avec un statut associatif, où d’association diverses, véritable version moderne de la tajmaât. Les villages kabyles possèdent tous au moins une des trois structures « tajmaât- comité de village – association ». La tajmaât se maintenant dans certains village face aux comités et associations comme une sorte de « conseil des sages » (lâaqel n taddart). Dans certains cas, au cours des années 1980 et 1990, ce réveil identitaire, va jusqu’à la restauration des tribus et de leurs conseils. C’est le cas des Aït Djennad (1987), Aït Bouaddou (1990), Illoulen Ousammer (1995), qui réglementent les cérémonies, et les dépenses effectuées lors des célébrations (mariages, circoncisions et retours de pèlerinage) avec des sanctions prévues.

Lors du Printemps noir de 2001, les tajmaât et les comités de village servent de support à la revendication identitaire berbère et servent de cadre politique à la mobilisation, se substituant aux partis politiques. Ces structures traditionnelles organisent les marches, réquisitionnent les moyens de transport et assurent la solidarité avec les victimes de la répression.

En 2001, le mouvement désigné comme le Mouvement citoyen des Aarchs marque aussi, le retour dans la société de la tribu. Ce renouveau des formes d’organisation traditionnelles dans la société kabyle est lié à la « sacralité » de l’espace villageois. Comme la langue, la société traditionnelle kabyle cherche à négocier son rapport au changement pour assurer sa pérennité.

Situation linguistique

Schema densemble des aires linguistiques du nord-est algerien du milieu du xixe siecle au milieu du xxe siecle

Schema densemble des aires linguistiques du nord-est algerien du milieu du xixe siecle au milieu du xxe siecle

Les Kabyles font partie des Berbères (Imazighen). Leur langue, le kabyle (taqbaylit), parlée par la grande majorité de la population, est une variété du berbère (tamazight).

En Grande Kabylie et dans la partie de la Petite Kabylie où le kabyle prévaut, il est la langue maternelle et quotidienne de la presque totalité de la population. Là où populations kabylophones et arabophones sont en contact, un bilinguisme kabyle-arabe algérien est pratiqué de part et d’autre. À Béjaïa et à Tizi Ouzou, où la population urbaine traditionnelle était majoritairement arabophone, l’exode rural qui a suivi l’indépendance a généralisé la diffusion du kabyle186. Quant à l’arabe littéral, son emploi est cantonné au système d’enseignement et aux administrations de l’État central. En pratique, c’est plutôt le français qui est employé pour les usages écrits ou savants et, de façon presque exclusive, dans le commerce et la publicité.

Signalisation trilingue a la facultee de Tizi-Ouzou photographie de 2007

Signalisation trilingue a la facultee de Tizi-Ouzou photographie de 2007

Si le territoire de Grande Kabylie compte peu d’habitants de langue maternelle arabe, Basse et Petite Kabylies ont été davantage arabisées. En Basse Kabylie, l’arabisation remonte à la période ottomane. À cette époque, des terrains de la région ont été concédés à quelques familles d’origine turque ou arabe ainsi qu’à la tribu des Iamriwen, constituée d’aventuriers et de proscrits des autres tribus kabyles188. En même temps que la garde et l’usage des terres de plaines, ils recevaient de leurs commanditaires un cheval avec la charge de tenir en respect les populations avoisinantes. Leur contrôle s’est étendu jusqu’en Haute Kabylie, sur toute la moyenne vallée du Sebaou ; là, comme dans les basses plaines, le makhzen s’est montré un puissant facteur d’arabisation. Toutefois, on a assisté depuis à une rekabylisation partielle de ces territoires.

En Petite Kabylie, le kabyle était encore majoritairement parlé au xixe siècle jusqu’au-delà de l’oued El Kebir. Si Jijel et ses environs étaient déjà arabisés, vers l’intérieur il n’y avait pas encore de rupture territoriale entre les parlers kabyle et chaouïa. Aujourd’hui le Guergour est à moitié arabophone et le Ferdjioua, en totalité. À l’est, l’expression de Kabyles el hadra a été créée pour désigner les montagnards arabisés du Nord-Constantinois.

Situation religieuse

Mausolée de Sidi Hend Oulefki

Mausolée de Sidi Hend Oulefki

La religion majoritaire est l’islam sunnite. La région lui a fourni jusqu’à nos jours des représentants éminents, comme Abderrahmane Chibane, qui a été président des oulémas algériens191. Les musulmans suivent en Kabylie la doctrine malékite, comme dans la plus grande partie de l’Algérie. Leur pratique religieuse présente toutefois plusieurs particularités. Ainsi la fête de l’achoura (appelée localement Taâchourt) se voit donner une importance spéciale, qui renvoie peut-être au chiisme des Fatimides. Le mouvement des marabouts et celui des zaouïas ont aussi imprimé leur marque. Comme l’a écrit Mouloud Mammeri :
« Aux Almoravides, le maraboutisme doit son nom et en partie la vocation […] La baraka du marabout est un pouvoir surnaturel, il a opéré des miracles et pour cela, il est le lieu à la fois de tous les espoirs et de toutes les craintes. »

Aujourd’hui, l’influence des marabouts subsiste dans l’attraction que continuent d’exercer certains mausolées, à la fois lieux de visite, de mémoire populaire et de pèlerinage local. Celui de Cheikh Amokrane à Aït Zelal draine ainsi les foules pendant les fêtes de taachourt et du mouloud.

Se rencontrent aussi des minorités chrétiennes, catholiques ou protestantes de diverses confessions : anglicans, baptistes et plus récemment évangéliques. Les juifs, qui ont presque tous quitté le pays à l’issue de la guerre d’Algérie, avaient vécu dans les wilayas de Sétif et de Béjaia. Dans la ville de Béjaia , on trouve le quartier juif Karamane : on y trouve encore l’ancienne synagogue.
Venant après les traductions de la Société biblique britannique, une édition d’émanation catholique des quatre évangiles en kabyle a été publiée de 1987 à 1991. Des travaux entrepris pour la traduction du Coran et la rédaction d’un lexique religieux en kabyle ont abouti à une parution en 1998.

 Sport

Match JSK-JSMB du 27 fevrier 2010

Match JSK-JSMB du 27 fevrier 2010

Parmi les équipes de football de la région, la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) se distingue nettement par la richesse de son palmarès. C’est aujourd’hui la première équipe d’Algérie par le nombre de coupes gagnées. Le club, qui n’a jamais connu la relégation depuis son accession en première division en 1969, remporte son premier championnat d’Algérie quatre ans seulement après celle-ci, en 1973. Il conserve son titre la saison suivante ; 12 autres suivent, le dernier en 2008. La JSK a également remporté cinq coupes et une supercoupe d’Algérie. Lors de la première, en 1977, les « jaune-et-vert » gagnent également le championnat d’Algérie : le club réalise ainsi son premier doublé coupe-championnat, exploit qu’il réédite en 1986.

Les « vert-et-jaune » s’imposent aussi sur le plan continental en remportant deux coupes des clubs champions, en 1981 et 1990, ainsi que la coupe des coupes en 1995. La JSK a également gagné trois coupes de la CAF d’affilée, en 2000, 2001 et 2002. Depuis 2010, le club a le statut de professionnel à la suite d’une réforme du championnat.

L’autre grand club de football de la région est la JSM Béjaïa. Son ascension en première division a fait naître le derby kabyle.
La Kabylie est aussi un fief du volley-ball algérien, notamment à Béjaïa, considérée comme le pôle national de la discipline. Les joueuses de l’équipe d’Algérie de volley-ball féminin, qui ont remporté la coupe d’Afrique des nations, sont majoritairement issues des clubs de Béjaïa, qui dominent dans les compétitions nationales et africaines.

Suivre et participer sur wikipedia

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *