Population et économie kabyle

Le Borj Moussa à Bejaia abritant le musee de la ville
Le Borj Moussa à Bejaia abritant le musee de la ville

Les sept wilayas où s’inscrit le périmètre Thenia – Sétif – Jijel totalisent une population d’environ six millions de personnes dont, suivant les estimations, de trois à trois millions et demi de kabylophones.

Démographie

Population des principales villes de Kabylie
MunicipalitéPopulation (2008)
Bejaïa177 988
Tizi Ouzou135 088
Bouira75 000

Selon le recensement de 2008, la wilaya de Tizi Ouzou compte plus d’1,1 million d’habitants, répartis en 67 communes169, alors que les 52 communes de la wilaya de Béjaïa rassemblent près d’un million d’habitants. Le reste des populations kabylophones de la région se répartit sur la moitié est de la wilaya de Boumerdès, la moitié nord de la wilaya de Bouira, le nord de la wilaya de Bordj Bou Arreridj et le nord-ouest de la wilaya de Sétif.
La densité démographique reste élevée, atteignant jusqu’à 375 hab./km2 dans la wilaya de Tizi Ouzou. Toutefois l’accroissement de la population est relativement faible par rapport à l’ensemble du pays, son taux n’étant que de 0,2 % dans la wilaya de Tizi Ouzou et de 0,6 % dans celle de Béjaïa.

Peuplement

Les Kabyles contemporains font partie du vaste ensemble des héritiers des premiers Berbères, dont les origines ont donné lieu à une multitude d’hypothèses. Les spécialistes restent partagés entre tenants d’un foyer initial moyen-oriental ou africain ; les estimations de l’époque d’apparition du berbère en Afrique du Nord varient de 8 000 à 2 500 ans avant notre ère. Les données archéologiques et linguistiques disponibles ne permettent pas de trancher mais elles établissent suffisamment l’ancienneté et la continuité de la présence des Berbères dans leur espace actuel pour qu’on puisse les qualifier d’autochtones.

La question de l’origine des hautes densités montagnardes kabyles divise encore les historiens. Aux extrêmes s’opposent la thèse d’un peuplement dense très ancien, antérieur à la présence romaine, et celle d’un afflux tardif, consécutif à l’arrivée des Arabes. Toutefois, un relatif consensus se dégage sur plusieurs points. Pour commencer, une distinction semble s’imposer, pour l’ensemble de l’Afrique du Nord, entre un premier peuplement berbère, « paléo-montagnard », caractérisé par la pratique des cultures en terrasses, s’étendant progressivement depuis les Aurès et l’Atlas saharien jusqu’aux Hautes Plaines ; et un second, « néo-montagnard », ignorant la technique des terrasses et propre aux massifs du Tell : c’est à cette seconde vague, plus tardive, que l’on rattache les premières populations de Kabylie.

La présence de populations dans l’ensemble de la région, dès l’époque romaine au moins, paraît également attestée, le seul point encore en débat portant sur le peuplement du territoire relativement restreint, mais aussi le plus densément peuplé, que constitue le massif de l’Agawa. Enfin, il est généralement admis que ce peuplement initial s’est trouvé accru, à partir du xe siècle, de l’apport de populations d’agriculteurs menacés par le processus de pastoralisation des plaines puis, à partir du xive siècle surtout, par les prélèvements fiscaux du makhzen. Les traditions locales paraissent corroborer l’hypothèse d’une dualité historique du peuplement kabyle.

Économie

Jusque vers 1900, la base de l’économie régionale reste une arboriculture de montagne dont l’olivier et le figuier constituent les deux piliers. Les productions céréalières sont l’apanage des quelques propriétaires de terres de fond de vallées mais, après la révolte de 1871, celles-ci sont confisquées au profit des colons. Quant à l’élevage, principalement caprin, quelquefois ovin ou bovin, il est limité par l’exiguïté des sols disponibles pour les pâturages.

Avant la conquête française, l’une des principales sources de revenus extra-agricoles est constituée par l’artisanat et en particulier la fabrication des armes, le travail du bois et le tissage. La perte de l’indépendance entraîne la fermeture des fabriques d’armes et la confiscation des forêts. Le tissage se maintient jusqu’à nos jours grâce à la demande persistante de burnous et de couvertures de laine mais a largement perdu de son importance économique. Beaucoup d’activités artisanales ont disparu et celles qui subsistent, comme la bijouterie, apparaissent très menacées.

L’émigration est l’autre grande source de revenus complémentaires de la Kabylie précoloniale. Elle s’étend alors à toute l’Algérie et à une partie de la Tunisie, tout en conservant très généralement un caractère temporaire. À la suite de la colonisation, qui en élargit le champ à la métropole française, elle devient un phénomène massif. En 1948, pour une famille kabyle moyenne qui tire de ses terres un revenu annuel de 50 000 francs, l’émigré, qui rapporte en moyenne 100 000 francs par an, représente un complément de revenu souvent indispensable.

Les équipements de base des villages comme les routes secondaires, les écoles, les bibliothèques, la rénovation des puits, l’entretien des moyens d’irrigation et les mosquées ont souvent été financés avec les revenus de l’émigration. Dans les pays d’accueil, les immigrés reconstituaient les assemblées de village (tajmaat) pour décider des projets pouvant bénéficier à la population. Cette dynamique explique que les villages kabyles aient su résister dans une certaine mesure à l’émigration massive de leurs habitants178. L’aide de la diaspora constitue toujours un facteur de dynamisme. En même temps, les fonds ainsi apportés, collectés et gérés par les assemblées villageoises accentuent l’autonomie des villages kabyles.

Après l’indépendance, la région a connu divers plan de développement économiques. Dans un premier temps (1967-1973) l’État a procéder à la création de petites entreprises publiques axées sur l’artisanat traditionnel. Ceci afin de permettre la création d’emploi dans les zones rurales et les dynamiser. De manière complémentaire, jusqu’en 1980, l’État développe des complexes industriels spécialisés, ainsi des sociétés comme ENIEM (électroménager) à Tizi Ouzou ou ENPC (plasturgie) à Sétif verront le jour. Le secteur privé lui souffre alors du manque d’intérêt des politiques publiques, et prend la forme souvent de petites unités de production – dans l’agroalimentaire ou les produits de construction – destinées au marché local ou régional. Dans les décennies suivantes, suite à divers facteurs (dévaluation de la monnaie, fragilité des structures financières, prix imposés par l’État…) les conditions de beaucoup d’entreprises publiques locales se dégradent y compris dans le secteur de l’artisanat traditionnel. De la même façon les grandes entreprises publiques dépendantes des mesures de soutient à la demande vont souffrir de la contraction de la demande suite à la dévaluation du dinar et l’augmentation des charges d’exploitation. Ainsi une entreprise comme ENIEM a vu sa production chuter dans les années 1990.

Le secteur agroalimentaire a connu un certain développement dans la région, avec la constitution d’une multitude d’unités de production de produits laitiers et de glaces, mais aussi l’implantation d’usines de grands groupes comme Cevital ou la société d’eaux minérales Ifri. L’agriculture de montagne laisse peu à peu la place à une industrie manufacturière locale (électroménager avec la société Sonalec) cependant plutôt axée vers les Hauts Plateaux. Par ailleurs, la Kabylie fournit une grande partie de l’eau potable aux régions fortement urbanisées qui la bordent à l’est et à l’ouest.
On peut cependant observer dans les années 2000, l’émergence d’un secteur privé dynamique. Ainsi la création d’entreprise augmente, l’activité se diversifie (avec des activités technologiquement complexes) et, fait nouveau, de grandes entreprises privées de dimension internationales émergent.

Le tourisme est une autre activité pour laquelle la région, qui au xixe siècle était qualifiée de « Suisse sauvage », bénéficie d’atouts. Dans la wilaya de Béjaïa, le groupe Cevital a obtenu en 2008 une assiette foncière de 26 hectares à l’intérieur de la zone d’expansion touristique (ZET) d’Agrioun, à Souk El Ténine (une station balnéaire située à une trentaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de wilaya) pour l’implantation d’un complexe touristique moderne.

Pourtant les limites du développement régional se traduisent par un chômage endémique important, qui frappe en particulier la jeunesse. En 2006, le nombre de chômeurs se monte officiellement à 25,6 % de la population active dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Suivre et participer sur wikipedia

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *